Notre éducation primaire, secondaire, collégiale et universitaire nous entraîne à trouver LA bonne solution dans toutes sortes de situations.
On fait ça dans un contexte où la solution est existante, connue par quelqu'un qui est juste à côté de nous et qui est payé pour ne pas la dévoiler.
Or, LA solution aux relations à long terme n'existe pas plus que pour tout autre problème adaptatif comme la vente de son entreprise, la périménopause et l'utilisation de l'intelligence artificielle en entreprise (nous avons parlé des problèmes de nature adaptative ici).
Comme la plupart des situations importantes de la vie ne fonctionnent pas comme à l'école, ça conduit à toutes sortes de problèmes. Lesquels? La perte de temps, la paralysie et la faible estime de soi.
En effet, sans s'en rendre compte, on tombe dans le piège de structurer notre monde en bon/mauvais.
Dans ce monde, toute solution qui n'est pas LA bonne solution devient dès lors mauvaise. Comme LA solution n'existe pas, il y a beaucoup de mauvaises réponses. Et le jugement se dirige vite vers les personnes... les autres, ou soi-même.
Tout le monde n'a pas cet angle mort, mais il est plus fréquent qu'il n'y paraît. Il se cache parfois sous du langage comme « Je ne sais pas par où commencer » ou des comportements de procrastination. Si ce contenu n'est pas pertinent pour toi directement, il le sera indirectement parce que tu vas possiblement mieux comprendre ton monde.
Voici trois antidotes. Ce serait à l'examen s'il y en avait un 🤓 😉.
Dans bien des cas, LA solution ne se trouve dans aucun corrigé - elle n'existe tout simplement pas.
Le corrigé non plus, d'ailleurs.
Paradoxalement, il y a DES solutions. Toute situation complexe présente une infinité de solutions partielles possibles. Ne tombons pas dans le piège de chercher la seule qui serait bonne et de rester en réflexion tant qu'elle n'est pas trouvée. Commençons par en énumérer 5, 10, voire 50, et choisissons la meilleure dans le tas.
Comme le disait Daniel Pink : Instead of focusing on what you should do, focus on what you could do.
Cette gymnastique mentale est salutaire, dans bien des cas, surtout parce qu'elle conduit à composer NOTRE solution.
Comme LA solution n'existe pas, nous sommes condamnés à développer NOTRE solution.
La situation géopolitique, technologique et climatique dans laquelle nous nous trouvons est unique et sans précédent. À plus petite échelle, les situations personnelles et professionnelles que nous vivons sont aussi uniques à bien des égards.
Chacun de nous avons nos historiques, traumas, entourages et ambitions. Les solutions appliquées par Jack Welch, Steve Jobs, Margareth Thatcher ou Ghengis Khan ont eu leur pertinence (ou pas) pour eux, à leur époque, dans leur vie.
Le corrigé n'existe pas? Écris le tien!
Il arrive aussi que la situation paraisse insoluble dans son ensemble, telle qu'on l'observe.
Or, une solution se compose de décisions.
Prendre des décisions change la situation sans nécessairement la résoudre. Ce mouvement crée de nouvelles perspectives, change la dynamique, et permet d'apprendre.
On s'approche alors parfois de la solution, ou encore on la rend possible. Il arrive même que la situation se résolve ou que le goulot change de place sans qu'on ait trouvé de solution.
Le mouvement était la solution. Pas LA solution, juste une solution.
Et on aura oublié parce qu'on sera déjà rendus ailleurs.
Bref, diriger, c'est s'améliorer à trouver DES solutions et prendre DES décisions. C'est dynamique, c'est complexe, c'est incertain et c'est en le faisant souvent qu'on s'améliore à le faire.